La mort de Sirak.

N'avez-vous jamais entendu parler de Sirak l'orgueilleux, le traître des épées, Sirak du soleil rouge ? Qu'il ait été oublié est une...ironie du sort.
Sirak était l'un des plus grands généraux de la côte des épées, commandant de la compagnie du soleil rouge, voué corps et âme à défendre la cité d'Astrub. Il servit avec honneur et bravoure au cours de la guerre qui opposa Astrub à l'armée de Uknot, du siège du port de Madrestram et, enfin, tout au long de la campagne contre la horde de Uknot. Au cours de ces batailles, il triompha toujours.
Je ne sais pas à quel moment l'orgueil prit racine dans son cœur, mais il l'empoisonna. Sirak avait participé à trop de batailles, remporté trop de victoires. Il en vint à considérer que la cité d'Astrub lui appartenait.
Le jour de la grande trahison, la compagnie de Sirak engagea la horde et la dispersa, malgré un rapport de force de cinq contre un en faveur des démons. Mais au cours de la déroute qui s'ensuivit, près de la moitié de leurs forces parvinrent à s'enfuir. Sirak était décidé à les poursuivre. Les ducs d'Astrub s'y opposèrent. Trop de bons soldats étaient morts, lui dirent-ils. Ils ne voulaient plus de sang versé, et le peuple non plus. Ils pensaient que la horde ne reviendrait jamais.
Sirak était furieux. Il avait perdu nombre de ses soldats, mais il estimait qu'il valait mieux porter un coup fatal à la horde. Ainsi Astrub ne serait plus jamais menacée. Il défia donc les ducs...et mena ses soldats à leur perte.
Loin d'Astrub , il parvint à acculer la horde dans un étroit défilé. Mais sa retraite coupée, la horde s'avéra bien plus hargneuse que nous l'avions envisagé. Sirak craignant de perdre le combat, envoya un messager à Astrub pour réclamer des renforts et empêcher la horde de fuir son piège. Les renforts ne vinrent jamais et la horde écrasa les troupes affaiblies du soleil rouge. Sirak survécut...mais ce ne fut pas le cas de nombre des soldats de sa compagnie.
Le guerrier devint alors une créature emplie de rage et de haine. Blessée, il retourna à Astrub pour demander audience aux ducs. Mais il ne fut pas autorisée à entrer dans la ville. En raison de sa désobéissance sur le champ de bataille, les portes d'Astrub seraient fermées à jamais pour lui et sa compagnie.
Sirak rassembla ses soldats encore vaillants, tous ceux qui avaient fait serment de le servir. Il ordonna à ce qui restait de sa compagnie d'attaquer les murs de sa propre ville...Il jura qu'il la reprendrait aux ducs et qu'il les passerait par le fil de l'épée. Ce ne serait que justice, déclarait-il.
L'attaque de Sirak était telle la charge d' un animal blessé. C' était un suicide...
Les soldats de la compagnie du soleil rouge furent massacrés et repoussés loin de la ville, poursuivis par les troupes d'Astrub sur des lieues et des lieues, jusqu'aux tourbière sans fond. Alors que les derniers des soldats tombaient et mourraient dans la tourbière, les survivants se regroupèrent autour de lui. Il n'était pas reconnaissable. Du sang maculait son armure, son casque...Il parvenait à peine à poser un pied devant l'autre. Il était en train de mourir, mais même au pas de la mort, il continuait d'avancer, consumée par la vengeance.
Redoutant son habileté à l'épée, les poursuivants n'osèrent pas approcher à portée de son bras. Ils l'abattirent à distance avec leurs arcs. Rien d'honorable, tout juste une lâche exécution.
Quand Sirak tomba à terre, il maudit Astrub et tous ses habitants. C'est avec son dernier souffe que commence l'histoire du clan Sirak, clan mercenaire d'Otomai.